Tò δημώδες άσμα «Του Κάστρου τής Ώριας». : Σχέσις αύτού προς τήν "Αλωσιν του 'Αμορίου τω 838 ύπο τών 'Αράβων
Part of : Επετηρίς του Λαογραφικού Αρχείου ; Vol.13-14, 1960, pages 3-34
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3-34
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La chanson populaire: Le château de la belle : Son rapport avec la prise d'Amorium par les Arabes en l'an 838
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Cette chanson est, de nos jours encore, répandue dans toutes les parties de l'Hellénisme, du Pont (Mer Noire) et de laCappadoce (Asie Mineure) à l'Est, jusqu'aux îles Ioniennes, à l'Ouest, puis, de l'Épire, de la Macédoine et de la Thrace jusqu'aux rivages de la Mer Noire au Nord, comme aussi en Crète, dans le Dodecanese et à Chypre au Sud. Il y est question d'un château-fort, assiégé pendant douze ans par les Turcs ou par les Sarrasins sans que ceux-ci aient pu s'en rendre maître. Un jeune Turc, ex-Chrétien converti à l'Islamisme, propose alors au Sultan de l'aider à s'emparer du fort, mais à condition de recevoir en recompense de ses services, entre autres gains, la Belle du Château qui est à la tête de la défense du fort. Le Sultan (ou l'Émir) le lui promet. Aussitôt après, le renégat se déguise en femme enceinte. Il vient près des murs du fort et se met à supplier qu'on lui ouvre afin qu'il puisse entrer pour accoucher. Il existe certaines variations d'après lesquelles le traître, déguisé en moine, supplie la Princesse de lui ouvrir et de lui accorder l'hospitalité! Pourtant celle-ci, ainsi que les défenseurs du château, refusent d'ouvrir, craignant que la femme (ou le moine) ne soit un Turc déguisé, mais ils finissent par lui offrir l'hospitalité.. Ses ennemis, qui guettaient, se précipitent à la suite de leur émissaire et s' emparent du fort, puis, tandis que les soldats massacrent et pillent, le traître se prépare à aller enlever la Belle du château. Celle-ci, s'étant rendue compte, du haut de sa tour, du désastre de la ville, se jette dans le vide pour ne pas tomber entre les mains des Turcs. Outre cette chanson, il existe nombre d'autres légendes se rapportant à des châteaux en ruines de divers régions du pays. Comme cette chanson, elles se rapportent toutes à la prise des forts conquis par trahison. Ces châteaux forts, dans cette chanson comme dans les autres légendes, portent des noms différents. Les plus usités sont: Le Château de la Belle; le Château de Marous (des réfugiés de Cappadoce), le Château de Sourias dans le Dodecanese, etc. Considérant le thème de cette chanson au point de vue historique, C. Sathas, en i88o, a été le premier à soutenir qu'il est basé sur un fait historique authentique, celui de la prise d'Amorium par les Arabes en 838. Cette opinion a trouvé un certain nombre de défenseurs, parmi lesquels Paul Carolidés, S. Baud-Bovy et C. Amantos (voir ci-dessus, pp. 12-15) mais aussi un certain nombre de contradicteurs, comme N. Politis, St. Kyriakidés et H. Grégoire (voir ci-dessus). L'auteur, après avoir-examiné de nouveau le sujet, soutient que cette chanson se rapporte bien à la destruction d' Amorium en 838 par les Arabes, mais il croit que l'original de cette chanson est probablement une chanson arabe se rapportant à l'Emirat de Melitene. Il considère les différents points caractéristiques de cette chanson —a) le nom du château fort et ses fortifications, siège de ce même château par les Turcs ou les Sarrasins pendant douze ans; b) la prise du fort par duperie, à l'aide d'un chrétien converti à l'Islam, déguisé en femme enceinte ou en moine; c) la récompense du traître: La Belle Princesse du Château; d) la fin tragique de la Princesse, sa chute dans le vide du haut du fort —en les comparant aux attestations byzantines et surtout aux attestations arabes relatives à la fortification de la capitale Amorium,au siège et à la prise de ce même fort, due à la trahison d'un des défenseurs de la ville comme aussi à sa complète destruction par les Arabes, survenue en 838. Les traits communs qu'on trouve dans la chanson du Château fort de la Belle et dans la description de la prise de ce même fort par l'écrivain arabe Tabari (839-923) (voir ci-dessus, pp. 19-20) font supposer que ces ressemblances ne sont pas l'effet du hasard, mais sont étroitement liées entre elles et que par conséquent cette chanson a dû être composée à l'époque où ce premier événement historique a dû avoir lieu. L'auteur croit que la chanson a dû être au début une chanson épique, composée par les Arabes dans le but de raconter la prise de ce château par eux-mêmes, puisque l'on soutient même que ce fait d'armes a grandement aidé à émouvoir le monde arabe de l'époque au point de vue religieux. Le nom d'Amorium était aussi devenu légendaire dans l'histoire et la poésie de ce peuple. Il ajoute même que cette chanson appartient au cycle épique dans lequel on classe aussi la légende de Sayyid Batthal, qui est aussi, dans sa composition originale, une épopée arabe de la fin du neuvième ou du début du dixième siècle, car elle parle d'événements qui ont eu lieu entre 838-863. L'original de cette chanson arabe devait se terminer par l'épisode de la captivité du général Aétios, chef des forces de la défense d'Amorium. Cette scène a dû plus tard être remplacée par le récit, peut être même par la chanson racontant l’ enlèvement de la Belle Chrétienne jeune fille Naourous-Banou, du Château de son père, par Sayyid Batthal travesti en moine. On retrouve aussi ce récit dans le roman de Sayyid Batthal. En conclusion l'auteur ajoute qu'au Xe siècle les Byzantins de la region de Cappadoce ont probablement pris la chanson chez leurs voisins Arabes. C'est la période pendant laquelle l’ émirat de Melitene est assujetti à Byzance. Il existait alors entre les deux nations rivales (Byzantins et Arabes) des relations politiques et culturelles. A noter qu'on trouve également d'autres échanges poétiques entre les deux épopées, celle de Sayyid-Batthal des Arabes et de Digénis Acritas des Byzantins.
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