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Situation fausse de l’ artiste dans la société contemporaine

• Τσούχλος, Βρασίδας Ν.

L’ œuvre d’ art, certes, peut être envisagée comme fait social, mais en tant que fait esthétique elle est irréductible à ce fait social. La sociologie ne saurait saisir que les modalités de la vie de l’art, l’esthétique philosophique restant seule qualifiée d’en déterminer la nature. De cette vie je n’aborderai ici que la situation de l’artiste et ses incidences favorables ou défavorables sur le développement des arts plastiques.Au Moyen-Âge l’artiste ne diffère pas de l’artisan; comme tout artisan il tient boutique et son métier est réglementé et protégé par sa corporation. Mais en Italie, avec la Renaissance, il se différencie de l’artisan; il est un créateur et exerce un «art libéral» qui ne peut entrer dans le cadre de l’organisation corporative. En France, pour soustraire les artistes indépendants à la juridiction tyrannique de la Corporation a été créée l’Académie royale de peinture et de sculpture. La nouvelle organization a supplantée l’ancienne, mais elle a fini par se scléroser dans une doctrine exclusive dont les romantiques et leurs successeurs voulurent secouer le joug. Aussi les impressionnistes cherchèrent-ils à atteindre le public par d’autres moyens. Ces moyens s’intégrèrent dans le système du marché qui a remplacé le système académique.Mais le nouveau système, loin de sauvegarder la liberté de la creation a paradoxalement abouti à l’assujettir aux exigences d’une vaste organisation, renforcée par diverses institutions artistiques. S’il ne se plie pas à ces exigences, l’artiste le plus doué est condamné à rester en marge de la société. Il ne peut atteindre les amateurs directement en tant qu ’ artiste, mais seulement au moyen du marché qui s’interpose entre lui et le public «éclairé». La valeur reconnue de son œuvre, c’est le prix qu’impose le marché. Cette situation fausse de l’artiste entrave le libre épanouissement de son œuvre.

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